Les brisures
Nihil interit, omnia pereunt (Ovide, Met. XV).
Hélas ! rien ne dure, et tout se transforme, se « brise », même en héraldique séculaire…
Qu’est-ce qu’une « brisure » ? – Traditionnellement, le blason original se transmet tel quel à l’aîné de la famille, donc à notre fils Gabriel. Pour les enfants puînés et les autres descendants, il doit y avoir brisure ou modification du blason.
Pour Renaud, fils puîné, on tournera les trois besants d’argent à contournés dextre, puisqu’il a pour ambition avouée d’accroître la (très petite !) fortune familiale…
Pour notre fille Isabelle, la cadette, on remplacera la perdrix au chef par un petit moulin à vent, pour rappeler le métier de l’ancêtre René Chartier (père de notre aïeule Jeanne) qui était meunier, d’abord sur le Clain à Poitiers puis à Lachine au Québec, où il trouvera la mort lors du massacre de Lachine, le 5 août 1689. Grâce aux renseignements aimablement fournis par Madame Lise Vinet, greffière de la ville de Dorval, et par M. Michel Hébert, président de la Société historique de Dorval (SHD), l’endroit où s’élevaient le moulin et l’habitation de René Chartier (et donc le lieu de sa mort) a pu être localisé avec une extrême précision : il s’agit du lot 875 du cadastre civil, correspondant au n° civique 297 de l’avenue Sainte-Marie à Dorval. Par une extraordinaire coïncidence, le propriétaire au n° 290, en face, a élevé dans sa cour un petit moulin décoratif qui rappelle opportunément le métier de notre ancêtre.
Je croyais que le propriétaire était un fier patriote québécois qui devait sûrement connaître l’histoire de René Chartier et de sa famille. Comme on peut se « gourer » ! Déterminé à en savoir davantage, je me suis enhardi, en septembre dernier (2017), à sonner à la porte de ce propriétaire qui m’ouvrit la porte et me fit admirer, avec sa dame, son magnifique jardin où même les cactus survivent en hiver ! Ce couple âgé mais en excellente forme (grâce au jardinage ?…) est d’origine hollandaise : c’est ce qui explique l’installation d’un moulin à vent décoratif et même fonctionnel (il sert à remiser les outils de jardinage…) Ils ne connaissaient rien à l’histoire ancienne de leur domaine et l’on devine que je les renseignai avec plaisir… Il se trouve qu’une barque était amarrée à l’endroit même où René Chartier avait son moulin. Il devait assurément voguer ou héler sa barque sur le ru Bouchard, petit cours d’eau qui se jette dans le lac Saint-Louis, tout près du parc du Millénaire (autrefois parc Saint-Charles).
Le blason familial
(avec ses brisures)
Blason originel Besants contournés dextre Moulin à vent au chef
(Yves et Gabriel Chartier) (Renaud Chartier) (Isabelle Chartier)